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Les claviers animés

  • Writer: Marina Drozdova
    Marina Drozdova
  • Mar 1, 2024
  • 4 min read

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Notre film est un kaléidoscope d’un concentré des histoires de certaines personnes parmi le public qui deviennent des personnages à part entière. Le tout avec un accompagnement d’extraits musicaux exécutés par des pianistes.

    Depuis plus de quarante ans le Festival International de piano de La Roque d’Anthéron réunit des pianistes éminents et un public  remarquable.

     Sur le choix des solistes et des orchestres, il n’y a plus rien à dire.

     Portons notre attention sur le public, celui qui écoute et qui, pour réserver un logement à La Roque d’Anthéron, petit village situé à quarante kilomètres d’Aix-en-Provence, doit s’y prendre presque une année à l’avance. Pendant la journée, ce village est quasi désert et le silence règne sans partage. En arrivant quelques heures avant le début du concert, on a l’impression de se retrouver à l’intérieur d’une toile de De Chirico «  Mystères et mélancolie d’une rue », les ombres, les murs et les rues délaissées.

     Comment les  spectateurs reçoivent-ils cette musique et pourquoi sont-ils venus ? Que se passe-t-il dans leurs têtes, quelles sont les particularités de leur histoire personnelle qui les a fait se rendre ici ?

 

     Le montage et le développement de la dramaturgie est logiquement  en lien étroit avec l’écriture musicale, une suite de notes de musique qui donnent  un sens à une information cachée. Ce qui fera l’objet d’un code chiffré, nous le saurons à la fin du film.

      L’autobus conduit un mélomane esseulé d’Aix-en-Provence le long d’une allée où perce la lumière des rayons de soleil. Les paysages sommeillent,  découragés par le silence. Dans ce village, il y a deux cafés. Ils ne s’animent que le soir pendant deux-trois heures. Le silence est souligné par  le chant des grillons et parfois, du fond d’un jardin, par le son des verres et des fourchettes qui s’entrechoquent, tout ce qui dans la vie du village, est filmé longtemps avant le début des premiers concerts. Mais en se rapprochant de l’allée qui mène à la scène, apparaissent les premiers mélomanes, rejoints par d’autres jusqu’à former une foule de mélomanes marchant vers la scène…

 

    La question est de savoir en quelle année et où précisément se tenait le piano sur le clavier duquel débute le récit de chaque personnage. On a l’impression que ces pianos se dédoublent, devenant de plus en plus nombreux comme dans « le ballet de pianos », extrait de la comédie musicale américaine célèbre de 1935 « Chercheuses d’or », réalisé par Busby Berkely.

     Nous nous posons la question suivante : avons-nous affaire avec une lisztomanie ou à une forme de fête fantastique ? La lisztomanie est un terme qui signifie la dépendance d’un être à la musique, terme inventé par Heinrich Heine signifiant un état d’agitation, d’extase et de frénésie frôlant la folie à l’écoute des concerts de Frantz Liszt. Heine parlait dans ses écrits du dédoublement de personnalité de Liszt : l’homme et son génie.

     C’est alors que tout s’emballa... Les cordes cassées se transformaient en bracelets pour dames, des centres de cigares étaient conservées dans un coffret à bijoux ; La folie prenait toutes sortes d’expressions. Y a-t-il  des cas d’hystérie mélomane dans le fameux parc de la Roque d’Anthéron ? Ou bien cette frénésie a-t-elle changé de forme ? Ce public à première vue semble flegmatique. Mais en y  regardant de plus près, très attentivement, comme dans  une autre dimension, comment, ici, dans les faubourgs du village, pendant le déroulement des concerts, se crée un monde invisible et incongru. Comment fixer cette dimension métaphysique ?

     Pour revenir à la multiplication absurde des pianos dansant sur la musique du film de Busby Berkeley, trouve-t-on au Festival une telle ironie à la manière du pianiste comique Victor Borge ? On peut l’affirmer. Par exemple, certains critiques musicaux ont créé une classification virtuose  des interprètes,  comme les pianistes agressifs, les pianistes-sportifs, les pianistes noyées dans leur partition. Mais existe-t-il une classification de ceux qui écoutent ?

   

    L’un des points de départ qui nous a inspiré l’idée de ce film, sont les paroles lues il y a très longtemps dans les mémoires du grand pianiste Sviatoslav Richter dans l’ouvrage de Bruno Monsaingeon « Ecrits et conversations » :

«  Je préfère, en arrivant dans un pays étranger, déployer les cartes et montrer à mon impresario les lieux qui ont un lien avec moi, soit qu’ils excitent ma curiosité et si possible, qu’ils me soient inconnus. Nous partons en voiture et les pianos nous suivent Nous évitons les autoroutes comme la peste. J’ignore si je vais jouer sur une scène de théâtre, dans une chapelle  ou bien dans une cour d’école à Rouen, à Montluçon ou dans un petit coin de Provence. Les gens, dans tous les cas, ne viennent pas par snobisme mais pour écouter de la musique »

 

 

 

    En observant les spectateurs, nous faisons plus ample connaissance en créant par le biais du montage, un essai filmique propre à chacun d’eux. Chaque portrait à son histoire où se mêlent leurs pensées particulières, l’expérience de leur vie, leur compréhension de la musique .Pour donner une vie à chaque personnage, nous réalisons un montage empreint de dramaturgie et de musique.

     Nous utilisons des archives photo  amateurs et des archives filmées, réalisées par nous-mêmes.

Ces portraits sont à la fois dramatiques et comiques. Et comme déjà précisé, des extraits des concerts sont utilisés comme accompagnement musical.

 

 

Pour réaliser ce projet documentaire, il est nécessaire d’effectuer des recherches et des premières prises de vue pour des  interviews pendant le festival. Cela nous permettra de mieux cerner    nos personnages.

    Il nous faut aussi réaliser des recherches dans les documents d’archives auprès de nos personnages, photos, matériel vidéo et audio.

     Afin d’affiner visuellement  le contexte historique, nous nous proposons d’effectuer des recherches dans les collections de films  d’archives d’amateurs auprès de l’Agence Régionale pour le livre et l’image CICLIC Centre Val de Loire.

    La toile de fond de nos recherches s’appuie sur le village ensommeillé, La Roque d’Anthéron. Quand le soir tombe, ce village, comme dans le tableau de Magritte «  L’empire de la lumière », se réveille. La musique s’empare d’une autre  harmonie,  celle du silence de la province, qui ne dure que quelques mois par an.

 

 

 

 
 
 

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