L’année 1942. Recherche archivistique

L’année 1942. Recherche archivistique historique: séquences de films, fichiers radio, manuscrits musicaux et littéraires, photos

Au stade final, il y a le projet documentaire « 1942. Le Monde en Guerre », une série documentaire pour la chaîne Arte TV : 6 documentaires de 52 minutes chacun, réalisés par Véronique Lagoarde-Ségot, pour lesquels nous avons mené une recherche de grande envergure dans de nombreuses archives. Cette recherche s'inscrivait dans le cadre de notre collaboration permanente avec la société Film Images (Paris, France). Notre travail a eu un impact décisif sur la sélection du contenu visuel historique du projet. La recherche a duré trois ans et a été menée dans diverses archives cinématographiques, sonores et littéraires à travers l'Europe.

Le projet

Ce projet démontre une approche unique pour étudier l'histoire de la Seconde Guerre mondiale à travers des sons, des reportages, des films et de la musique diffusés par la radio et présentés dans les cinémas du monde entier. Les publics de différents pays ont écouté la radio et regardé des films dans les salles de cinéma. Ainsi ces matériaux deviennent des moyens de transition d'une histoire à l'autre, d'un personnage à l'autre, d'un pays à l'autre. L'ambition est de s'éloigner d'une position de « savoir » et plutôt de s'immerger dans l'expérience. Comme l'écrit l'auteur, « Le spectateur doit plonger dans la dévastation afin d'entendre et de vivre la guerre de manière intime et non distante… De la même manière qu'un docufiction, l'évolution des personnages à travers la guerre doit créer du suspense et de l'affection envers eux » .

La recherche

La recherche nous a conduits de la table de projection avec des bobines de 35 mm filmées dans les années 1940 aux collections de programmes radiophoniques diffusés en 1941-42, qui contenaient d'incroyables nuances de contenu sonore et visuel. Après cela, nous avons également parcouru des archives avec des manuscrits et des collections privées de photos. Afin de trouver les images pertinentes, nous avons projeté plus de cinquante heures de séquences filmées par des caméramans qui travaillaient sur les lignes de front de la Seconde Guerre mondiale.

Le but de la narration dans cette série est de se concentrer sur les émotions et les préoccupations humaines quotidiennes : la faim, la peur, la chaleur, le froid, l'amour, la perte. Le réalisateur note : « C'est une histoire qui se déroule loin du champ de bataille, ou plutôt sur un champ de bataille différent : une bataille pour la nourriture, pour la dignité, pour élever des enfants, pour dormir et se lever le lendemain, pour vivre, pour survivre, pour faire face à la mort ». Une telle arche dramaturgique présente des tâches visuelles très complexes pour un chercheur. Par exemple, nous avons passé de nombreuses journées à chercher les images de pluie tombant sur la glace : c'était très important d'en trouver une comme ça, mais à cette époque (en 1941-42) la plupart des caméramans n'avaient pas le matériel pour filmer par temps de pluie . D'autres exemples incluent la recherche d'une image en gros plan d'un visage avec une expression de confusion ou la recherche d'un plan montrant une colonne de fumée provenant d'une explosion qui se penche exactement vers la droite. Afin de trouver chacune de ces images, nous avons dû filtrer de nombreuses heures de séquences.

L'originalité de la recherche réside dans la combinaison de deux défis : la recherche d'images reflétant des situations historiques particulières qui n'ont pas été souvent filmées pendant la guerre, et la recherche d'images d'émotions quotidiennes qui se produisent rarement devant les objectifs des caméras. Ce qui rendait les choses encore plus difficiles, c'est que nous travaillions avec des images prises par des caméras 35 mm qui étaient très encombrantes.

La recherche a été menée par l'équipe de la revue historique de cinéma

«CinEnigma », Marina Drozdova et Aleksandr Kiselev.