Une saison d’archives filmées par des amateurs
- Marina Drozdova
- Jul 7, 2022
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Pendant cette saison de festivals, la révélation est venue d’une vague de films dont le thème était les archives de films amateurs. Pas utilisés comme illustration d’un propos mais jouant le rôle de sujet et/ou héros principales.
Un exemple significatif de ce cas de figure est le film français « Et j’aime à la fureur » d’André Bonzel dont la première a eu lieu au Festival de Cannes avant la pandémie. Il s’agit d’un roman cinématographique à la manière de Galsworthy et de Maupassant. Un carton où sont enfouies des pellicules de films revient en héritage à un cinéaste. Il s’ensuit un récit mi -fiction, mi -réalité, sur l’arrière -arrière grand - père qui fut un proche des frères Lumières : c’est ainsi que les membres de cette famille ont filmé leur quotidien depuis plus de cent ans !
Au Festival IDFA à Amsterdam a été projeté le film « Retour à Reims » de Jean-Gabriel Pérot relatant l’évolution du mouvement ouvrier en France du début du XXème au début du XXIème siècle. Le montage suit le fil des mémoires de Didier Eribon. Un témoignage de sa vie privée face à la complexité de l’histoire du mouvement ouvrier.
Une nouvelle filmée réalisée par un français, Robin Huzinger a reçu à nouveau l’une des principales récompenses du Festival IDFA « Ultraviolettes et le gang des cracheuses de sang ». Après le décès de sa grand-mère, ce réalisateur a retrouvé un paquet de lettres dont la lecture l’a immergé dans les intrigues et manœuvres amoureuses d’une adolescente. Les évènements se déroulent en 1920 dans un sanatorium destiné aux malades tuberculeux. La virtuosité du montage transforme les extraits de films documentaires de cette période en un véritable journal amateur illustré.
« Voyage vers le soleil » film portugais réalisé par Susanna de Sousa Dias et Ansgar Schaefer. Après la deuxième guerre mondiale, cinq enfants autrichiens furent envoyés au Portugal pour se rétablir, se refaire une santé et trouver du réconfort après les années de guerre et de famine. Les réalisateurs ont eu la sagesse de récupérer des films auprès des familles qui avaient reçu ces enfants. Ses prises de vue sont de rarissimes témoignages de la réadaptation de ces enfants dans un pays étranger pour eux.
« A night of knowing nothing » de Paypal Kapadia (co-production France –Inde) est un film policier expérimental dont la vision s’assimile à une sorte de purée d’images. A l’origine la découverte à nouveau d’une boîte contenant de la pellicule, cette fois-ci dans la cave d’une école de cinéma. Les plans semblent pris au hasard mais en fait, le réalisateur arrive à démêler des mots croisés d’images.
Lors du Festival « Visions du réel » de Nyon en Suisse, la projection du film « Herbaria » de Léandro Listori (co-production Franco-Argentine) a été accueillie par une salve d’applaudissements. Ce film met en parallèle les collections de botanistes, les herbiers, et les archives cinématographiques, dont les négatifs originaux sont conservés dans des boites métalliques. Les images enregistrées sur les pellicules ne perdent rien de leur beauté tout comme les plantes séchées conservent leur grâce.
Le film « O collecting eggs despite the time » de Pim Zvier (Hollande) effectue un parallèle inattendu entre la finesse des archives cinématographiques, filmées par un auteur inconnu, et un secteur de l’ornithologie, spécialisé dans l’étude et la répartition des œufs des oiseaux.
Et enfin, une pépite du genre « Three minutes : A Lengthening » de Bianca Stigter ( Co-production Hollande et Royaume- Uni ). Les habitants, des juifs, d’une bourgade polonaise posent devant l’objectif d’un opérateur-amateur lors d’une journée ensoleillée de 1938. Il ne reste plus que ces trois minutes en tout et pour tout. Qui sont ces personnes devant la caméra ? Et qui parmi eux a subi l’holocauste ? En se rapprochant de ces visages avec le zoom, le réalisateur image par image est à la recherche des détails permettant de retrouver des bribes de ces destinées.
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