Berlinale 2023.
- Aleksandr Kiselev
- Mar 3, 2023
- 3 min read
Updated: Sep 16, 2023
Mon pire enemi
Parmi les programmes du Festival, les plus terribles, au sens littéral du terme, sont les deux films documentaires du réalisateur iranien Mehran Tamadon « Where God is not » (Là où Dieu n’est pas) et « My worst enemy » (Mon pire ennemi).

Le thème de ces films est la reconstitution des tortures sévissant dans les prisons en Iran. Le réalisateur a lui-même expérimenté ces traitements. D’anciens prisonniers (principalement des journalistes) jouent dans les films ainsi que des acteurs. Et plus précisément l’actrice centrale du film « Mon pire ennemi » est Zar Amir Ebrahimi, qui lors du Festival de Cannes a reçu la palme d’or pour son rôle dans le film « Holy spider ».
Ce qui caractérise la dramaturgie des films iraniens est le mélange de fiction et documentaire. Impossible de remarquer le passage de l’un à l’autre de ces genres. Dans cet espace mouvant du rêve à la réalité, défilent des questions éthiques, des scandales de moralité et des provocations des uns et des autres. A la fin du film, l’actrice accuse le réalisateur « Crois-tu juste de faire souffrir des gens au nom du cinéma ? »… « Tu es celui qui nous torture avec ce jeu idiot »…L’objectif du réalisateur est que le spectateur s’identifie aux victimes des tortures.
Superpower

Le film de Sean Penn et Aaron Kaufman, « Superpower », projeté dans le cadre de Berlinade Special Gala, a rencontré un succès certain. Sean Pen est à Kiev en Janvier et Février 2022. Stoïque, il tient son verre de whisky comme un bâton, une bouée de sauvetage, un garde-fou ou la poignée d’un parachute. Il ne cesse de démêler les évènements tragiques survenus en Ukraine. Peut-être pense-t-il faire un parallèle avec Hemingway, lui ressemblant par son courage, son intelligence et son état d’ébriété. Il interview le Président Zelensky et beaucoup d’autres personnes. Ces interviews sont très sérieux et passionnés. Sean Penn est un grand acteur et son regard sur tout ce qui passe rend tout plus dramatique encore, comme lorsque vous assistez à un spectacle parfait.
Au cimetière de la pellicule

Simplicité, espièglerie, un brin de naïveté, ce film a enchanté tout le monde. Le réalisateur Thierno Souleymane Diallo se filme lui-même. Le voici sur son âne allant au village, caméra au poing, avec pour cadre premier, les oreilles de sa monture qui ondulent. Il recherche le premier film documentaire guinéen datant de 1955, dans un périple le menant d’un cinéma en ruines à l’autre : les salles sont détruites. Les bobines de pellicule 35mm sont jetées aux décharges et recouvertes de moisissures. Les projecteurs sont depuis longtemps cassés. Les pellicules qui sont entières, les personnages regardent le lever du soleil.
Le réalisateur, Diallo, le personnage principal donc, est toujours pieds nus. Au milieu du film, il explique que c’est un mode de protestation pour dénoncer le manque de financement du cinéma dans son propre pays, la Guinée. Tout ressemble à du cinéma d’amateur mais aussi à un conte ancien mettant en scène les pérégrinations d’un fakir ambulant. Dans l’épisode central du film, le réalisateur donne des cours de cinéma dans un village. Il distribue aux enfants des caméras en carton. « L’essentiel est de voir dans son imagination le cinéma que tu veux inventer. » Il avoue d’ailleurs ne faire que répéter l’expérience d’un maître du cinéma documentaire, Joris Ivens qui en son temps, distribuait des caméras en carton aux enfants de Cuba.
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