A TRAVERS LE TROU DE LA SERRURE DU TEMPS. Partie 3: Les gens- les films
- Marina Drozdova
- Jul 13, 2022
- 3 min read
Updated: Jul 25, 2022
NOTE
Le thème de cet article est l’étude de l’art cinématographique dans le langage des prises de vue par les amateurs, particulièrement l’analyse de la collection de Ciclic, l’Agence Régionale du Centre-Val de Loire pour le livre, l’image et la culture numérique.
Le programme spécial « A travers le trou de la serrure du temps » servira de base à cette recherche.
Ce programme est destiné aux festivals internationaux et aux universités.
Le début du programme est placé sous le signe du film d’horreur et comique à la fois avec le film Cinémalgie 1964 de Pierre de Montvallon, figure culte des intellectuels français sur plusieurs générations. Amoureux du cinéma et caricaturiste célèbre. Ce film a été primé au concours général officiel de la Fédération Française des Clubs de Cinéma d’amateurs.
Le personnage marche vers l’écran depuis la salle et tombe alors dans les mains de chirurgiens illuminés. Ciborg unique, ce personnage du film subit une opération de l’abdomen c’est-à-dire une affaire de spiritisme et de montage. De sa cavité abdominale apparaissent non pas des intestins mais des bandes de pellicule. Pour la nouvelle génération, il s’agit d’une clownerie sur la technologie du cinéma. En bref, ce film comporte tous les trucages possibles pouvant être réalisés à cette époque.
Cependant, Marcel l’Herbier, le réalisateur français de la première avant-garde et théoricien du cinéma a interviewé Pierre de Montvallon : « Quel plaisir trouvez-vous dans le tournage de films amateurs ? » - « Cela me permet de me débarrasser de toutes les absurdités, c’est un cadeau plein d’illusions et c’est une charmante petite machine à remonter le temps. »
L’ostentation de Salvador Dali – Dali présente l’Ovocipède, 1959 de Joseph Foret. Ces images sont des rushes du film amateur l’Apocalypse de Saint-Jean » qui retrace l’histoire de l’œuvre collective « L’Apocalypse de Saint-Jean », livre-monument unique conçu en 1959 par l’éditeur d’art Joseph Foret avec la collaboration de nombreux artistes et écrivains.
C’est à cette époque que Dali se représentait en paranoïaque critiquant l’ennui de la vie bourgeoise.
Dans un palais de glace situé à Paris il montre un globe en plastique d’un mètre et quarante centimètres de diamètre qui représente « la projection d’une vision intra-utérine ». Le tournage a été réalisé par l’éditeur d’art Joseph Foret. Dans cet épisode on peut admirer Dali revêtu d’une combinaison argentée d’extraterrestre, sa moustache, sa canne et ses trouvailles carnavalesques.
Joseph Foret était à cette époque plongé dans un travail difficile de rédaction d’un livre cher à tous l’Apocalypse de Saint- Jean ». Livre conservé aujourd’hui à Paris au Centre Georges Pompidou. En réalisant une lithographie pour l’édition, Dali fut pris d’engouement pour le tir sur table de graveur. Il a utilisé également une aiguilles de machine à coudre « Singer », son apparition à l’écran semble, à première vue, fortuite.
L’auteur de « Autour d’une femme dans un pavillon » (Marcel Bellanger) prend plaisir à filmer sa femme. C’est précisément le sujet du film. Il guette son sourire, et il s’esquive. Alors l’objectif de la caméra doit se contenter de trouver du plaisir à filmer le jardin, les fleurs et l’animation de la rue.
L’extrait suivant est tiré du film « Quand le CBA bouge à Lapan »1949 réalisé par Guy Magdelein.
Les membres du Ciné Berry Amateur accompagnés de leurs familles, partent en plein air pour un déjeuner sur l’herbe. Une dégustation de vin ouvre les festivités qui se terminent avec des galipettes, scènes de vie de plaisir comme chez Jean Renoir.
Ces saynètes semblent passer, nuances de vie presque oubliées que l’on ne retrouve pas dans les studios de films d’archives. On pense au héros de Nabokov, le professeur Pnine qui se lance dans l’écriture de la Grande Histoire par le biais d’anecdotes littéraires courtes et de raretés tirées de journaux intimes. On suit ce chemin-là.
La bande-son est très originale, réalisée par un jeune mathématicien très talentueux et également compositeur, Ivan Garjkavui.
Un petit retour en arrière. Si le chirurgien illuminé de Cinémalgie 1964 de Pierre de Montvallon opérait un fan de cinéma aujourd’hui, ce ne serait pas de la pellicule qui sortirait mais des zéros à l’infini et des unités de codes composant des milliers de selfies…




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